Portrait du réseau #42 : Marguerite Pometko

« Je suis en effet arrivée à Berlin pendant le Covid et surtout au tout début de la pandémie, donc à l’époque où on ne connaissait pas le virus et où on en avait peur, ce qui m’a beaucoup isolée. J’étais en télétravail donc c’était assez difficile de faire des rencontres et finalement SPAF est arrivée à moi au bon moment. »

Marguerite Pometko est diplômée de l’IEP de Grenoble en 2017. Passionnée par les nouvelles
technologies et les enjeux sociétaux qui y sont liés, elle y réalise un master en partenariat
avec une école d’ingénieur, un parcours qui l’a aujourd’hui menée à lancer sa propre
entreprise de sensibilisation et de coaching sur le bien-être numérique.

PEUX-TU NOUS PARLER DE TON PARCOURS ACADEMIQUE ET DE TON PASSAGE DANS UN IEP ?

Oui, je viens de l’IEP de Grenoble où j’ai fait le master « techniques, sciences et décisions », qui a
d’ailleurs changé de nom aujourd’hui (il s’appelle désormais « transitions écologiques »). C’est un
master orienté vers les enjeux des nouvelles technologies, en partenariat avec l’Ecole d’ingénieur de Grenoble. C’est génial car les élèves ingénieurs découvrent les enjeux liés aux technologies qu’ils produisent et les étudiants de Sciences Po peuvent en apprendre un peu plus sur une technique à laquelle je ne connaissais personnellement rien du tout. J’ai aussi choisi ce master car j’avais déjà un fort engagement pour les questions environnementales, j’étais membre de l’association écologiste de Grenoble.

QUE REVAIS-TU DE FAIRE UNE FOIS TES ETUDES TERMINEES ?

Après mon master, mon orientation professionnelle a été portée par les stages que j’ai réalisés. J’ai fait de la communication scientifique et technique, un stage dans l’édition Web chez ARTE et surtout un stage dans un magazine de mode orienté sur l’usage des technologies dans la mode. Cela m’a beaucoup plu d’écrire sur de tels enjeux et ça m’a menée à lancer ma propre boite de rédaction. J’ai finalement ensuite été invitée par l’Université de Grenoble à participer à l’un de ses nouveaux programmes de formation et donc pendant deux ans, j’ai été cheffe de projet pédagogique. Mon job consistait à proposer des débats sur des enjeux scientifiques tels que la conquête spatiale ou les énergies renouvelables par exemple, à des étudiants de tous niveaux et de tous domaines. A la fin de mon contrat, j’ai eu envie de faire autre chose et je suis partie en Allemagne. C’était un rêve depuis longtemps, puisque j’ai fait des études franco-allemandes du CP au lycée, j’ai réalisé plein d’échanges avec l’Allemagne (grâce au programme d’échange Brigitte Sauzay notamment) et j’ai même fait un Erasmus en Bavière dont je garde un excellent souvenir. J’ai découvert les VIA (volontariat international en administration) et j’y ai trouvé ’opportunité de m’expatrier. J’ai ainsi rejoint l’Ambassade de France à Berlin, qui est aussi l’Institut français en Allemagne, où j’ai eu la charge de projets pédagogiques à destination de tous les élèves allemands qui apprenaient le français. J’ai coordonné quatre projets éducatifs à l’échelle fédérale (par exemple un concours de BD) qui ont permis d’apporter le français aux Allemands de façon ludique et originale.

COMMENT AS-TU VECU L’EXPATRIATION EN PERIODE DE PANDEMIE ET QUELLES RESSOURCES AS-TU MOBILISE POUR T’INTEGRER DANS TA NOUVELLE VILLE ?

Je suis en effet arrivée à Berlin pendant le Covid et surtout au tout début de la pandémie, donc à l’époque où on ne connaissait pas le virus et où on en avait peur, ce qui m’a beaucoup isolée. J’étais en télétravail donc c’était assez difficile de faire des rencontres et finalement SPAF est arrivée à moi au bon moment. J’ai été contactée par Juliette (ndlr. Juliette Tronchon, responsable du pôle local de Berlin) sur Linkedin qui m’a parlé de son projet de créer un pôle local de SPAF à Berlin. Je n’avais jamais fait partie d’un réseau étudiant car après mon diplôme, j’avais besoin de faire une petite pause de Sciences Po mais là c’était le bon moment et j’ai vraiment été séduite par le côté réseau de femmes et à l’étranger. J’étais donc ravie de rejoindre le réseau et de faire de nouvelles rencontres. On a commencé par des rencontres en ligne pour se présenter et chacune faire part de ses attentes, puis on a organisé des rencontres informelles dans des bars pour faire connaissance. A l’étranger, les liens que l’on tisse sont d’emblée plus forts car on est loin de nos proches et surtout on peut s’aider sur des choses très concrètes. Dans notre cas, il s’agissait surtout de décoder la bureaucratie allemande, aussi de s’aider à trouver des logements, ce qui est vraiment compliqué à Berlin, également de partager nos bonnes adresses. D’un point de vue professionnel, c’était également très intéressant de pouvoir s’entraider car on a remarqué de grandes différences culturelles avec nos collègues allemands et c’était sympa de pouvoir chacune donner nos conseils sur les pratiques dans nos jobs respectifs.

COMMENT T’ENGAGES-TU POUR LES VALEURS FEMINISTES QUE L’ON PARTAGE ?

Concernant SPAF, je ne suis pas encore contributrice, au sens d’organisatrice, mais c’est quelque chose que j’aimerais beaucoup faire dans le futur. Pour l’instant, j’ai plutôt aidé les femmes du réseau de façon informelle, en partageant notamment des informations utiles aux autres sur notre groupe Whatsapp. Par exemple, j’ai pu donner des conseils à une femme qui postulait à l’endroit dans lequel je travaillais. J’ai pu lui donner des indications sur ce qui était valorisé par le manager, sur nos façons de travailler, etc. et elle a eu le job ! Je ne sais pas si j’y suis pour quelque chose mais peut-être que ça l’a un petit peu aidée. On communique également au quotidien sur pleins de sujets comme la procédure pour voter depuis l’étranger, les collectes pour les réfugiés ukrainiens ou les mobilisations féministes à Berlin. Ce qui est génial avec le pôle local c’est qu’il s’est vraiment coconstruit, à partir du travail de trois femmes géniales qui ont porté le projet et avec la contribution de toutes les femmes qui voulaient se joindre à elles. C’est un super modèle car ce n’est pas du tout chronophage, chacune participe comme elle le souhaite – ça peut être un message par semaine ou une soirée de temps en temps – et ça crée une vraie émulation, un vrai cercle inclusif et bienveillant qui nous apporte à toutes, dans le professionnel comme dans le personnel.

QUE FAIS-TU AUJOURD’HUI ?

Il y a trois mois, j’ai lancé ma boite en Allemagne d’accompagnement des générations qui ont grandi avec le numérique pour qu’elles développent une relation plus saine avec la technologie. L’idée est de préserver le bien-être dans contexte rempli de distractions numériques. J’espère faire en sorte que les relations restent authentiques. Je commence par des coachings individuels avec des programmes pour adopter une démarche de minimalisme numérique, c’est-à-dire optimiser son temps d’écran  avec des choses qui apportent vraiment de la valeur. Mon but est de montrer comment mieux utiliser les écrans pour en tirer le maximum et éviter tous les risques liés à l’hyperconnexion.

Vous pouvez retrouver le travail de Marguerite sur son compte Instagram dédié à la vulgarisation des enjeux liés au bien-être numérique (@_digibloom) mais aussi sur son site.