Portrait du réseau #37 – Héloïse Goethals

« Il y a beaucoup de communication autour du 8 mars […] mais il faut surtout regarder s’il y a d’autres actions similaires menées tout au long de l’année, ce qui serait le signe d’un engagement sincère. C’est le cas de SPAF, on communique toute l’année pour combattre l’inégalité des genres. »


Héloïse Goethals est étudiante en cinquième année à Sciences Po Bordeaux. Intéressée par le monde médiatique, elle réalise un master de communication et est depuis quelques mois la coordinatrice événementielle de Sciences Po au Féminin.

QU’EST-CE QUE TU FAIS DANS LA VIE ?

Je suis encore étudiante. Je suis en cinquième année à Bordeaux, dans le master Communication publique et politique, et en ce moment je fais mon stage de fin d’études chez EluesLocales à Bordeaux, un réseau de femmes élues en politique. Je me charge de la partie communication et marketing. Comme je n’ai pas encore de projet professionnel précis, cela me permet de toucher un peu à tout et de découvrir une entreprise privée, ce qui me change du public qu’on étudie beaucoup à l’IEP.

TU TRAVAILLES AUJOURD’HUI POUR UN RESEAU DE FEMMES ET JE SAIS QUE TU T’OCCUPES EGALEMENT DE LA COMMUNICATION CHEZ SPAF, AUSSI EST-CE ESSENTIEL POUR TOI DE TRAVAILLER POUR SERVIR DES VALEURS TELLES QUE LE FEMINISME ?

Oui évidemment, je ne sais pas encore ce que je veux faire précisément dans la communication mais je suis sûre que je veux utiliser cet outil pour servir des valeurs qui me sont chères, comme le féminisme mais aussi l’écologie. Également, au-delà de sujets sur lesquels je veux travailler, je veux aussi défendre et transmettre des valeurs comme la bienveillance et la sororité.

PENSES-TU QUE COMMUNIQUER SUR DES COMBATS COMME LE FEMINISME OU L’ECOLOGIE PEUT REELLEMENT AVOIR UN IMPACT ?

Je suis persuadée que la communication est nécessaire pour ces combats. La communication digitale notamment est très importante. Peut-être que si chacun communique de son côté, ce n’est pas efficace mais si c’est un mouvement de masse, si c’est tout un groupe qui s’unit pour faire entendre sa voix et ses convictions, cela peut réellement faire bouger les lignes. SPAF le montre bien, collectivement on est capable de faire de grandes choses.

QUEL EST TON ROLE CHEZ SPAF ?

Je suis coordinatrice de la communication événementielle, ça veut dire que je gère la communication autour des événements qu’organise SPAF. Je réalise les rétroplannings des publications concernant les événements par exemple. Je prépare également le texte des publications et je coordonne l’équipe communicationnelle sur les visuels.

TOI QUI NAVIGUES DANS LE MILIEU, QUELLE EST TA PERCEPTION DU PINKWASHING ET DU DETOURNEMENT DES VALEURS DANS LA COMMUNICATION QUI ENTOURENT LA JOURNEE DU 8 MARS ?

Le pinkwashing est un phénomène vraiment omniprésent. On le voit autour du 8 mars mais aussi dans tout le débat des élections présidentielles. Les candidats essaient de s’approprier des valeurs féministes car c’est important pour énormément de femmes mais ça reste intéressé. Alors ce n’est pas forcément mauvais car on en parle mais quand il s’agit pour des marques de faire de la publicité et inciter à consommer en communicant sur le 8 mars, c’est une pratique que je dénonce. Au-delà de l’intérêt uniquement orienté vers le profit, cela renforce le sexisme car ces publicités font ressortir les stéréotypes de genre. Cela dessert la cause des femmes.

COMMENT IDENTIFIER LE DETOURNEMENT DE LA CAUSE A DES FINS INTERESSEES ?

Je trouve que c’est assez visible, surtout quand il s’agit de publicités pour vendre quelque chose. Il y a également beaucoup de communication autour du 8 mars de la part des villes, des collectivités locales qui essaient de faire passer un message ou qui font la publicité d’événements qu’elles organisent pour sensibiliser au féminisme. Même s’il peut y avoir un intérêt politique derrière, je pense qu’il faut surtout regarder s’il y a d’autres actions similaires menées tout au long de l’année, ce qui serait le signe d’un engagement sincère. C’est le cas de SPAF, on communique toute l’année pour combattre l’inégalité des genres et c’est pour ça qu’on n’a pas prévu une communication exceptionnelle pour le 8 mars. On va décrypter les programmes électoraux des candidates et candidats à la présidentielle dans les jours qui suivent et peut-être faire une publication pour expliquer ce qu’est la journée des droits des femmes mais c’est tout car c’est un combat de longue haleine, pas seulement le combat d’une journée.