Portrait du réseau #47 : Christelle Pillot

Pour impulser un changement, tout commence par un pas de côté, par quelque chose de différent puis tout s’enchaine par un effet boule de neige.
Christelle Pillot

Diplômée de Sciences Po Bordeaux en 1997, Christelle Pillot a eu une première vie professionnelle en exerçant pendant plus de 20 ans des métiers liés à la communication, aux ressources humaines et au management de projets. En 2020, elle fait le choix de quitter le salariat pour se lancer en freelance. Son activité : accompagner les entreprises grâce à une nouvelle méthode de travail, la pensée visuelle. Christelle traduit en icônes et images les séminaires et réunions grâce à la facilitation graphique. Elle intervient également dans les entreprises pour former les collaborateurs et collaboratrices à cette nouvelle manière de capter les idées et les informations.

PARLE-NOUS DE TON PARCOURS !

Académiquement, j’ai d’abord suivi une maitrise de science de gestion à l’IAE, spécialisée dans le management des organisations. Puis j’ai eu un DESS de Sciences Po Bordeaux orienté RH, spécialisation communication. Directement ensuite, j’ai eu un premier job comme directrice RH au sein du groupe La Poste. Je suis restée à ce poste pendant plus de 3 ans et au cours de la quatrième année, j’ai eu une opportunité au sein du groupe pour aller vers du management de projet et du marketing. J’ai exploré ce volet pendant plus de 15 ans puis j’ai eu d’autres postes de directrice de la communication puis de projets, toujours au sein du groupe. Et finalement en 2020, j’ai viré à 180 degrés en devenant indépendante. Je travaille sur l’intelligence collective, je suis facilitatrice de projet. J’interviens auprès des entreprises pour faciliter leurs projets en synthétisant leurs idées, leurs supports de manière visuelle, en scribant ; mais aussi en tant que formatrice pour introduire les collaborateurs et collaboratrices à cette technique et au management visuel. L’objectif de cette méthode est de gagner en efficacité mais aussi d’amener du plaisir dans sa manière de travailler.

QU’EST-CE QUI A MOTIVÉ CE VIRAGE A 180 DEGRÉS ? COMMENT FAIRE LE CHOIX DE TOUT QUITTER POUR SE LANCER SEULE DANS UNE TOUTE NOUVELLE ACTIVITÉ ?

En 2016, on m’a diagnostiqué un cancer et pendant et après ma guérison, j’ai mené tout un cheminement pour changer de vie, ou du moins axer ma vie sur tout ce qui m’avait menée à cette résilience, c’est-à-dire la créativité mais aussi le coaching auquel j’avais commencé à me former puisque j’avais déjà un intérêt pour l’intelligence collective et la facilitation. J’ai d’abord développé ces aspects en interne, au sein du groupe puis est apparu le Covid et cela a été un déclencheur. C’était décidé, je voulais travailler autrement. Je me suis donné 3 ans pour expérimenter un métier qui n’existait pas.

PAR OU COMMENCER ALORS ? COMMENT APPRENDRE UN NOUVEAU MÉTIER ?

Je dirais d’abord que c’est vraiment une histoire passionnante, que c’est excitant de se dire qu’on a le droit d’avoir plusieurs vies, de rebondir pour recommencer à 0 ailleurs, c’est très motivant. Mais c’est vrai qu’on se lance vraiment dans l’inconnu. Je n’avais pas de modèle et mon activité même a évolué au fil du temps, des missions et des sollicitations des clients. J’ai également construit mon offre au fur et à mesure que je suivais des formations car je ne pars quand même pas de 0, je suis en formation permanente pour toujours être à la pointe et proposer un outil toujours plus performant. Pour apprendre, il faut surtout beaucoup pratiquer. C’est vraiment l’expérience qui reste la plus formatrice.

ET AU NIVEAU DE L’ENTREPRENEURIAT PUR ET DUR, COMMENT GÉRER LES ASPECTS ADMINISTRATIFS, JURIDIQUES, etc. ?

Je n’y connaissais vraiment rien, donc il a fallu apprendre sur le tas. Je me suis bien entourée pour cela, en intégrant des réseaux d’entrepreneurs et aussi en suivant des formations sur les techniques d’entrepreneuriat ou en étant suivie par un coach. C’est important de ne pas rester seule et de s’entourer pour demander de l’aide car c’est un vrai parcours en montagnes russes.

QUELS CONSEILS DONNERAIS-TU AUX FEMMES QUI VOUDRAIENT SE LANCER DANS L’ENTREPRENEURIAT ?

Le point principal selon moi est de ne pas attendre d’être prête pour y aller, ne pas attendre le bon moment car il n’y aura jamais de moment idéal. Aussi, c’est en avançant qu’on apprend et un autre conseil qui en découle serait d’avancer pas à pas car on ne peut pas être la meilleure dès le début. Il faut voir ce qui se présente, se tester en sortant de sa zone de confort et le prochain pas n’en sera que plus grand. Il faut donc s’accrocher, persévérer mais aussi apprendre à lâcher prise et à gérer l’échec. C’est un équilibre à trouver : continuer d’avancer mais aussi parfois savoir accepter que quelque chose ne fonctionne pas. Par exemple, il a pu m’arriver d’attendre la validation de devis pendant des semaines pour ne finalement pas être rappelée. Je m’y accrochais alors qu’il aurait peut-être mieux fallu accepter l’échec pour me lancer dans autre chose et continuer d’avancer. Une chose est sûre, l’entrepreneuriat demande avant tout de la persévérance car tout n’est pas rose.

Y A-T-IL QUAND MÊME DES MOYENS DE SE PRÉPARER UN MINIMUM ? EN TERMES DE COMPÉTENCES MAIS AUSSI DE FINANCEMENT ?

Comme je l’ai dit, le savoir-être ne s’apprend pas et passe par sa propre expérimentation, on peut quand même apprendre la technique, les compétences pures et dures. J’ai moi-même suivi beaucoup de formations de comptabilité par exemple.

Côté financier, je suis personnellement partie avec un capital, avec un an de salaire et c’est vrai que c’est important d’y penser parce qu’on dit qu’en général, il faut entre un et trois ans avant de vivre de son activité. Pour ma part, j’ai mis 1 an avant de pouvoir vraiment en vivre. Je n’en ai pas parlé mais je fais un petit peu de coaching pro également et je rencontre ainsi des entrepreneurs qui m’ont prouvé qu’il y avait plein de façons de débuter. Sans se lancer tout de suite, on peut par exemple passer par le portage salarial qui permet de développer doucement son activité sur le côté. Il y a aussi des couveuses d’entreprises qui accompagnent bien, certains y arrivent aussi grâce au chômage… Aujourd’hui, l’entrepreneuriat est bien accompagné donc il ne faut pas hésiter à se renseigner, à assister à des webinaires, des afterworks, à entrer dans les réseaux. Cela permet de ne pas se sentir seule et aussi de trouver des clients.

LE MOT DE LA FIN ?

Pour impulser un changement, tout commence par un pas de côté, par quelque chose de différent puis tout s’enchaine par un effet boule de neige.